Lettre d’automne 3

18.10.2018 

avant les présentations
je suis toujours en retard
je me suis rendue compte à 19h36 que je n’avais pas encore écrit mon mot
un mot pour commencer
pour accueiillir
je l’ai terminé à 19h55
puis tout le monde est arrivé
voilà ce qu’il en reste
je n’en sais rien
je crois que c’est pour toujours que je me le demanderai
et peut-être que c’est pour toujours mais
JE N’EN SAIS RIEN
parfois je me sens triste
parfois je me sens bien
parfois je ne sais pas comment je me sens
ce que je sais par contre
c’est que mon travail
mon travail
je veux dire
mettre les choses au dehors de moi
ce travail là
m’aide à comprendre comment je me sens
m’aide à faire avec cette chose là qu’est la vie
à force de travail
il y a des choses que je sais maintenant
qu’est-ce qu’il va se passer ce soir ?
je n’en sais rien
pour certaines choses je sais
puisque nous avons écrit pendant une semaine une histoire
pour le reste
j’ai rencontré chaque jeudi soir un groupe d’habitants consentants
nous avons réfléchi ensemble en improvisant
ils sont maintenant près à se tenir là juste au bord des accidents des chances à venir
chaque comédien tirera au sort un papier sur lequel se trouve le prénom de l’un des habitants, parfois deux associé au thème d’une improvisation
ils auront le temps d’une chanson
2m30
la plus courte trouvée sur mon ordinateur
pour se préparer ensemble
pendant ce temps là ceux qui le souhaitent peuvent prendre un verre ou ne rien faire
à la fin de cette chanson on pourra commencer
mais avant
comme dans toute bonne réunion
j’aimerais que tout le monde se présente que l’on sache un peu qui l’on est »
plus tard
les yeux de J. quand il comprend que les deux scènes qu’il vient de voir sont de nées de lui et de ses réponses à mon questionnaire
« quelque chose qui me rend particulièrement heureux quand je le fais :
mette en page le journal de mon association »
encore après le visage de M-F quand on a incarné devant tout le monde son plus grand rêve
« faire la première partie de Celine Dion à Las Vegas dans une robe à Paillette et que tout le monde crie mon prénom »
encore et encore après
l’improvisation du jeune R. avec Elsa l’une des comédiennes
E. sur sa chaise le souffle court
c’est son souvenir le plus malheureux
«perdu la première place du championnat de saut en hauteur»
pendant l’impro
R. rassure sa coach très déçue
c’est pas lui c’est à cause du vent
E. plus tard me dit avoir réécrit son histoire
« je me suis dit
c’était le vent bien sûr
mais oui
bien sûr que c’était ça
c’était pas moi qui ratait quelque chose»
Mark